Souvenirs (par Malou :3 )
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Souvenirs (par Malou :3 )
Il a toujours été dit par des milliers de gens que l'âge qui compte vraiment, c'est celui qu'on a dans la tête. Forte de cette certitude, je n'ai pas peur d'affirmer que je ne suis plus toute jeune, j'ai eu une vie magnifique. De très beaux enfants, de merveilleux petits enfants, j'avais une jolie petite maison et tout ce dont une femme comme moi pouvait rêver.
Mais quand on se fait vieille, les jeunes vous laissent dans des maisons où l'on s'occupe de vous. Je ne suis pas mal lotie, les infirmières sont douces et gentilles. Mes enfants et petits-enfants viennent me voir souvent, si souvent. Comme si rien n'avait changé.
Je n'ai plus beaucoup à faire de mes journées, je me décide donc de rajeunir un peu. Je sors une petite robe que je n'ai plus mit depuis l'âge de quarante-deux ans, elle est passée de mode mais je l'ai toujours beaucoup aimée. J'ai la chance de ne pas tomber en ruine comme certaines de mes amies avant moi, la robe me va comme si j'avais de nouveau quarante ans.
Je ne met plus que ces robes, celle de ma vie active, quand je travaillais comme couturière, j'ai même reprit mon activité. Il faut bien que quelqu'un reprise les chaussettes abandonnées un peu partout. Une énergie nouvelle s'empare de moi, je me sens revigorée. Mes enfants viennent me voir, ils sont toujours aussi beaux, aussi souriants. Mais l’œil de la mère attentive que je suis remarqué leur traits tirés. Ils me promettent de prendre du repos et de veiller les uns sur les autres. J'en suis bien heureuse. Les femmes de mes fils sont belles malgré la fatigue qui voile leur yeux, sans doute leurs bébés leur causent-ils des soucis, c'est toujours difficile lorsqu'ils sont petits.
Un homme prénommé André, probablement le notaire de mon défunt mari, m'a apporté une malle. Dedans, je retrouve mes plus belles robes de jeunes femmes, celles que je portais lorsque j'étais enceinte. Je m'empresse d'en enfiler une et dit en souriant à l'homme devant moi que son prénom est magnifique, que c'est un prénom parfait.
Le notaire continue de venir me voir, il amène sa famille avec lui, sa belle femme et leurs enfants. J'ai toujours prêtes pour ces adorables chérubins, l'un d'eux me rappelle mon fils et sa jeune sœur a un caractère au moins aussi fort que le mien. Cela fait un moment que mon mari n'est pas revenu, il est probablement toujours à la maison, on m'a dit que j'étais dans un hôpital. Le pauvre Albert n'a jamais supporté de me voir alitée.
J'entreprends de nouvelle fouille de ma garde-robe, les robes que je porte ne sont pas jolies. Je tombe sur mes robes de jeune fille. Fringante et pimpante, ma vie continue dans l’hôpital, un jeune homme vient souvent me voir, il s'appelle John. J'ai beau savoir que j'appartiens à Albert, John fait battre mon cœur un peu plus vite et un peu plus fort.
Aujourd'hui, je me rends compte d'une chose terrible. Mes fils et mes petits-enfants sont venus me voir et je ne les ai pas reconnus. Je n'ai compris mon erreur que lorsqu'ils sont partit, une photo est tombée de la poche du plus grand des deux hommes. C'était leur famille, avec une petite vieille au milieu d'eux. Un bref coup d’œil dans le miroir me fait frissonner. Cette petite vieille, c'est moi. Moi qui pensais être encore jeune et fringante. Je cherche mes souvenirs et n'en trouve aucun. J'ai froid.
Hier, Madame T. est décédée. Sa famille est venue la récupérer. L'infirmière les console comme elle le peut en leur expliquant qu'il est normal qu'elle ne les ait pas reconnus. Elle leur parle de la maladie de la vieille femme, elle leur explique qu'Alzheimer est souvent aussi dur à supporter pour le malade que pour son entourage. Le petit garçon de huit ans qui vient de perdre sa mamie regarde le cercueil qui se dirige déjà vers l'entrée. Avant de mourir, Élisabeth a revêtu la robe qu'elle se faisait depuis des mois et des mois. La même petite robe à carreaux et les souliers noirs qu'elle portait étant enfant.
Sa petite fille, venue la voir la veille avait bien comprit qu'elle ne resterai plus très longtemps. Elle avait été confrontée à une petite fille dans le corps d'une très vieille dame. Un tout petit garçon de six ans à peine pleure dans son coin. Sa mère le prend dans ses bras pour le consoler.
« Allons mon chéri, Mamie a fait le voyage à l'envers, elle était tellement heureuse de sa vie qu'elle a voulu la vivre une deuxième fois, ce n'est un voyage de plus. »
Le petit garçon cesse de pleurer et renifle à grand coup avant de rejoindre son père près du cercueil qui se dirige lentement vers la porte.
L'infirmier en charge de madame T. s'approche de la jeune femme et la prend à part.
-Élisabeth Thompson ?
-C'est moi.
-Votre grand-mère vous a laissé un petit mot. Elle l'aura sans doute écrit dans son dernier instant de lucidité.
« Ma chère Élisabeth, si tu lis ce mot, c'est que je suis partie. Je t'en conjure, perpétue la tradition familiale, que la première fille qui naîtra s'appelle comme toi et moi. Tu lui achèteras de belles petites robes rouges et de beaux souliers noirs. N'oublie pas de te brosser les dents !
Je t'embrasse, Bonne-maman. »
La jeune femme plie le mot et le glisse dans sa poche. Sa mère s'approche d'elle en lui demandant ou sont les clés. Élisabeth lui répond que c'est son mari qui les a. La mère retourne près du mari et réclame les clés. La jeune femme met la main dans la poche et constate qu'elle tient les clés en main. Alors qu'un frisson lui parcours le dos, son mari l'appelle pour qu'ils suivent le corbillard. Élisabeth pose la main sur son ventre rond et lance à son mari :
-Chéri ? Si c'est une fille, j'aimerai que nous l'appelions Élisabeth
-Mais ma chérie, nous savons que c'est une petite fille, nous sommes allés faire l’échographie il y a à peine deux semaines.
-Ah oui c'est vrai. Excuses-moi mon amour, j'avais oublié...
Mais quand on se fait vieille, les jeunes vous laissent dans des maisons où l'on s'occupe de vous. Je ne suis pas mal lotie, les infirmières sont douces et gentilles. Mes enfants et petits-enfants viennent me voir souvent, si souvent. Comme si rien n'avait changé.
Je n'ai plus beaucoup à faire de mes journées, je me décide donc de rajeunir un peu. Je sors une petite robe que je n'ai plus mit depuis l'âge de quarante-deux ans, elle est passée de mode mais je l'ai toujours beaucoup aimée. J'ai la chance de ne pas tomber en ruine comme certaines de mes amies avant moi, la robe me va comme si j'avais de nouveau quarante ans.
Je ne met plus que ces robes, celle de ma vie active, quand je travaillais comme couturière, j'ai même reprit mon activité. Il faut bien que quelqu'un reprise les chaussettes abandonnées un peu partout. Une énergie nouvelle s'empare de moi, je me sens revigorée. Mes enfants viennent me voir, ils sont toujours aussi beaux, aussi souriants. Mais l’œil de la mère attentive que je suis remarqué leur traits tirés. Ils me promettent de prendre du repos et de veiller les uns sur les autres. J'en suis bien heureuse. Les femmes de mes fils sont belles malgré la fatigue qui voile leur yeux, sans doute leurs bébés leur causent-ils des soucis, c'est toujours difficile lorsqu'ils sont petits.
Un homme prénommé André, probablement le notaire de mon défunt mari, m'a apporté une malle. Dedans, je retrouve mes plus belles robes de jeunes femmes, celles que je portais lorsque j'étais enceinte. Je m'empresse d'en enfiler une et dit en souriant à l'homme devant moi que son prénom est magnifique, que c'est un prénom parfait.
Le notaire continue de venir me voir, il amène sa famille avec lui, sa belle femme et leurs enfants. J'ai toujours prêtes pour ces adorables chérubins, l'un d'eux me rappelle mon fils et sa jeune sœur a un caractère au moins aussi fort que le mien. Cela fait un moment que mon mari n'est pas revenu, il est probablement toujours à la maison, on m'a dit que j'étais dans un hôpital. Le pauvre Albert n'a jamais supporté de me voir alitée.
J'entreprends de nouvelle fouille de ma garde-robe, les robes que je porte ne sont pas jolies. Je tombe sur mes robes de jeune fille. Fringante et pimpante, ma vie continue dans l’hôpital, un jeune homme vient souvent me voir, il s'appelle John. J'ai beau savoir que j'appartiens à Albert, John fait battre mon cœur un peu plus vite et un peu plus fort.
Aujourd'hui, je me rends compte d'une chose terrible. Mes fils et mes petits-enfants sont venus me voir et je ne les ai pas reconnus. Je n'ai compris mon erreur que lorsqu'ils sont partit, une photo est tombée de la poche du plus grand des deux hommes. C'était leur famille, avec une petite vieille au milieu d'eux. Un bref coup d’œil dans le miroir me fait frissonner. Cette petite vieille, c'est moi. Moi qui pensais être encore jeune et fringante. Je cherche mes souvenirs et n'en trouve aucun. J'ai froid.
Hier, Madame T. est décédée. Sa famille est venue la récupérer. L'infirmière les console comme elle le peut en leur expliquant qu'il est normal qu'elle ne les ait pas reconnus. Elle leur parle de la maladie de la vieille femme, elle leur explique qu'Alzheimer est souvent aussi dur à supporter pour le malade que pour son entourage. Le petit garçon de huit ans qui vient de perdre sa mamie regarde le cercueil qui se dirige déjà vers l'entrée. Avant de mourir, Élisabeth a revêtu la robe qu'elle se faisait depuis des mois et des mois. La même petite robe à carreaux et les souliers noirs qu'elle portait étant enfant.
Sa petite fille, venue la voir la veille avait bien comprit qu'elle ne resterai plus très longtemps. Elle avait été confrontée à une petite fille dans le corps d'une très vieille dame. Un tout petit garçon de six ans à peine pleure dans son coin. Sa mère le prend dans ses bras pour le consoler.
« Allons mon chéri, Mamie a fait le voyage à l'envers, elle était tellement heureuse de sa vie qu'elle a voulu la vivre une deuxième fois, ce n'est un voyage de plus. »
Le petit garçon cesse de pleurer et renifle à grand coup avant de rejoindre son père près du cercueil qui se dirige lentement vers la porte.
L'infirmier en charge de madame T. s'approche de la jeune femme et la prend à part.
-Élisabeth Thompson ?
-C'est moi.
-Votre grand-mère vous a laissé un petit mot. Elle l'aura sans doute écrit dans son dernier instant de lucidité.
« Ma chère Élisabeth, si tu lis ce mot, c'est que je suis partie. Je t'en conjure, perpétue la tradition familiale, que la première fille qui naîtra s'appelle comme toi et moi. Tu lui achèteras de belles petites robes rouges et de beaux souliers noirs. N'oublie pas de te brosser les dents !
Je t'embrasse, Bonne-maman. »
La jeune femme plie le mot et le glisse dans sa poche. Sa mère s'approche d'elle en lui demandant ou sont les clés. Élisabeth lui répond que c'est son mari qui les a. La mère retourne près du mari et réclame les clés. La jeune femme met la main dans la poche et constate qu'elle tient les clés en main. Alors qu'un frisson lui parcours le dos, son mari l'appelle pour qu'ils suivent le corbillard. Élisabeth pose la main sur son ventre rond et lance à son mari :
-Chéri ? Si c'est une fille, j'aimerai que nous l'appelions Élisabeth
-Mais ma chérie, nous savons que c'est une petite fille, nous sommes allés faire l’échographie il y a à peine deux semaines.
-Ah oui c'est vrai. Excuses-moi mon amour, j'avais oublié...
Malou- Messages : 563
Date d'inscription : 03/12/2011
Age : 31
Localisation : la bibliothèque de la PinkSide
Re: Souvenirs (par Malou :3 )
C'est magnifique et fort (dans le bon sens du terme).
A la fin j'en ai eu les larmes aux yeux.
A la fin j'en ai eu les larmes aux yeux.
Rhada.- Câlineur officiel du Roi
- Messages : 78
Date d'inscription : 06/04/2012
Age : 34
Localisation : Edimbourg
Re: Souvenirs (par Malou :3 )
merci ça me touche beaucoup, je suis contente que ça t'ai plu =)
Malou- Messages : 563
Date d'inscription : 03/12/2011
Age : 31
Localisation : la bibliothèque de la PinkSide
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